Pour comprendre et analyser les spécificités psychologiques, politiques, économiques et socioculturelles de cette société sans écriture dont la seule transmission des idées est resté la tradition orale, la chanson constitue un procédé essentiel. C’est dans les chansons, en effet, que les Diola expriment leurs craintes, leurs besoins, leurs aspirations et leurs valeurs fondamentales.
En prenant, le cas par exemple, des chants funèbres traditionnels ou des cérémonies religieuses comme l’initiation « bukut » des jeunes garçons dans des villages comme Mlomp, Essyl, Séléky ou Djimbéring, il est aisé de remarquer que ce sont en général des figures de richesses, de sagesse, d’habilité, mais aussi et surtout de courage, de bravoure et de témérité, qui y sont exaltées.
Ainsi, ces chants résument la philosophie populaire de l’existence telle que la conçoivent ces paysans et contribuent, du coup, à la construction de l’homme idéal que doit incarner le garçon devenu jeune adulte : droit, courageux, stoïque, imperturbable…Ces valeurs sont inculquées au jeune au cours de son processus de socialisation et participent à la construction de sa psychologie et de sa personnalité.
C’est cela qui nous conduit à affirmer que de telles chansons présentent des pouvoirs d’influence énormes que nous avons qualifiés de « vertus socio- psychologiques » en ce sens qu’ils sont socialement reconnus et recherchés dans les comportements quotidiens des individus. Toutefois, faudrait – il encore pour s’apercevoir de ces vertus insoupçonnées des chants traditionnels Diola, accorder plus d’intérêt aux paroles employées qu’à la mélodie, c’est -à- dire adopter une approche de recherche par le contenue sémantique et lexical du chant.
Patrice DIATTA
Doctorant en sociologie (Sorbonne)